Les scénarios noirs de l’OFCE sur la réduction des déficits en 2012
La course à la réduction des déficits publics est une « mécanique infernale » susceptible de faire replonger les pays européens dès 2012 dans une récession violente : s'ils s'obstinent à tenir ensemble leur trajectoire de redressement dans la conjoncture récessive actuelle, ce qui leur imposera un surcroît de rigueur, ils se retrouveront dans une situation économique comparable à celle de 2009, voire plus grave. Telle est l'analyse faite par les chercheurs du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dans leurs dernières perspectives économiques.
Dans son étude sur ce qu'elle appelle « La très grande Récession », l'équipe dirigée par Xavier Timbeau relève d'abord la dégradation « spectaculaire» des perspectives de croissance pour les pays développés et plus particulièrement européens. De ce fait, l'OFCE a été conduit, le 16 décembre, à réviser fortement ses prévisions de croissance 2012 qui sont désormais les suivantes : + 0,4% en Allemagne (avec un taux de chômage à 5,7%; - 0,2% en France (avec un taux de chômage à 10,3%); - 0,9% en Italie; 0% en Espagne et dans la zone euro; + 0,5% au Royaume-Uni ;+ 1,4% aux États-Unis et + 2,4% au Japon.
« Le ralentissement de l'activité, plus fort que celui anticipé par les différents gouvernements, va creuser le solde public conjoncturel et ne permettra pas aux différents pays développés de respecter leur engagement de réduction de déficit », précisent les chercheurs. L'écart entre le solde public réalisé et leur engagement représenterait de 0,8 point à 2 points de PIB, sauf en Allemagne. Pour tenir leurs objectifs budgétaires, les gouvernements devront donc adopter de nouveaux plans de rigueur dans les mois à venir.
Plusieurs cas de figure ont été étudiés. Dans le premier, l'OFCE suppose que chaque pays respecterait, seul, son engagement. Sous cette hypothèse, l'effort serait considérable au Royaume-Uni qui devrait présenter un plan de de 65,2 milliards d'euros (3,7 points de PIB) et un peu plus faible en France (31 milliards et 1,5 point de PIB), en Italie (23,8 milliards et 1,5 point de PIB) et en Espagne (20,3 milliards d'euros et 1,9 point de PIB). Tous ces pays retomberaient dans une récession forte, sauf l'Allemagne où l'activité stagnerait.
Dans le deuxième cas de figure, l'OFCE fait l'hypothèse que l'ensemble des grands pays européens se mettrait à conduire en même temps des politiques restrictives. Dans ce cas l'effort d'économies serait supérieur : il s'élèverait à 72 milliards d'euros au Royaume-Uni ( 4,1 points de PIB), à 44,6 milliards en France (2,2 points de PIB), à 34,9 milliards en Italie (2,2 points de PIB) à 28,2 milliards en Espagne (2,6 points de PIB) et à 26 milliards en Allemagne (1 point de PIB). Il entrainerait partout une récession sévère : -1,4% en Allemagne, - 3% en France (soit plus qu'en 2009), - 3,7% en Italie, - 3,2% en Espagne; - 3,7% au Royaume-Uni.
Dans l'hypothèse, enfin,où de nouveaux plans de restriction budgétaire seraient mis en place dans la zone euro, le choc sur l'activité serait moindre. La récession atteindrait tout de même les niveaux de - 0,7% en Allemagne, de - 2,4% en France et de - 3,1% en Italie. Le Royaume-Uni, les États-Unis et le Japon tireraient, en revanche, leur épingle du jeu.