Les cris, les hurlements font peur aux enfants, vous le savez parfaitement, inutile d'enfoncer le clou en vous culpabilisant plus que vous ne l'êtes déjà.
Vous êtes confrontée à une difficulté que connaissent bien des parents : d'un côté vous avez parfaitement conscience que votre comportement est "inadapté" à la fonction parentale telle que vous la concevez et d'un autre côté vous n'arrivez pas à agir autrement.
Avant d'espérer changer nos comportements, il est toujours nécessaire de comprendre pourquoi nous agissons ainsi. Vous vous laissez déborder par votre colère et vos émotions. Prenez le temps d'analyser ce qui se passe en vous, livrez-vous à une petite introspection. Votre seuil de tolérance aux "bêtises" très limité est peut-être lié à une fatigue physique, à un état de stress général qui n'a rien à voir avec votre fille. Il arrive souvent qu'on répercute ses problèmes professionnels ou relationnels dans la sphère privée. Peut-être hurlez-vous après votre petite fille parce que vous vous sentez impuissante à poser les limites et à faire un bon usage de votre autorité. En ce cas, c'est contre vous-même que vous êtes en colère et que vous criez. Peut-être vous sentez-vous écrasée par les responsabilités ?
Vous semblez vous occuper toute seule de votre petite fille, c'est très lourd, pourquoi ne pas déléguer une partie des soins quotidiens à son père ou à une autre personne ? Demandez-vous aussi si vos hurlements ne vous en rappellent pas d'autres, bien plus anciens ? Nous sommes tous enclins à rejouer avec nos enfants les relations que nous avions avec nos propres parents. Nous appliquons inconsciemment les modèles éducatifs dont nous avons "hérités". Si vous avez eu une mère "explosive" ou un père "hurleur", votre premier mouvement est d'agir de même tout en sachant intellectuellement que crier est inutile voire toxique.
Vous dîtes ressentir de la "fureur " à l'égard de votre fille. Ce mot est loin d'être anodin. A vous lire, vous réagissez comme si votre petite fille faisait "exprès" d'inonder la salle de bain pour vous nuire, pour vous faire de la peine. Or elle joue avec l'eau du bain, tout simplement, comme le font tous les enfants de son âge. Elle n'a aucune volonté délibérée de vous embêter. Pensez-y quand vous sentez la rage monter. Prenez l'habitude de vous mettre à sa place, imaginez-vous dans la tête d'une petite fille de 2 ans et demi. Imaginez sa peur et son incompréhension face à votre réaction violente. Cette "décentration" vous aidera à limiter vos attentes et vos exigences. Votre petite fille n'a absolument pas conscience de vous causer du travail supplémentaire. Expliquez-lui calmement qu'elle n'est plus à la mer et qu'elle doit faire attention. Ne la laissez pas sans surveillance dans la baignoire, organisez-vous.
Avant de vouloir discipliner ses enfants, tout parent doit d'abord se "discipliner" lui-même. Vous auriez intérêt à vous familiariser avec les techniques de relaxation ou de yoga. Vous apprendrez ainsi à respirer lentement et profondément dès que vous sentez l'irritation monter. Vous éviterez ainsi de vous laisser déborder par vos affects.
Catherine Marchi