La réponse de Christophe André(Psychiatre et psychothérapeute)
On sait ce qu’il faut éviter de faire : penser que l’amour à lui tout seul pourra soigner. Beaucoup de couples ont ainsi explosé, après bien des douleurs, après que l’un ait cru qu’il pourrait arracher l’autre à son alcoolisme, sa dépression, sa boulimie, ses complexes… simplement en l’aimant. A la sortie, les deux se sont noyés. Ne nous prenons donc pas pour le thérapeute de notre conjoint.
D’accord, mais après ? Et bien, il y a déjà quelques conseils de bon sens :
- Se rappeler (et rappeler à l’autre) qu’on ne peut qu’aider et soutenir, pas soigner.
- Pour bien le faire, se protéger soi-même. Pour protéger son conjoint, ne pas se couper du monde, à cause de ses peurs ou de sa possessivité. Si je me prive et me frustre pour l’autre, je serai tôt ou tard victime d’amertume ou de ressentiment (« avec tout ce que j’ai fait pour toi… »), voire de dépression.
- Ne pas voir chez mon conjoint que sa part malade. M’efforcer aussi de voir ce qui va bien chez lui, ce qui fonctionne, ce qui est fort et estimable. Ce que j’aime.
- Lui tenir un discours clair : « Je t’aime, c’est-à-dire que je veux te soutenir et être à tes côtés. Mais je ne peux pas te soigner ni te changer. Pour cela, si tu n’y arrives pas seul, tu dois simplement te faire aider, comme des millions de gens l’ont fait avant toi. Et s’en sont trouvés mieux ».
- Ne pas rester seul(e) à tenir ce discours, et voir comment ses amis et ses proches peuvent aussi le lui tenir.
Dans tous les cas, ne vous découragez pas : il faut souvent du temps pour que nos efforts portent leurs fruits…
- Si vous connaissez vous-même les thérapeutes de votre région, aider votre conjoint à en trouver un dont vous connaissez les méthodes et dont vous pensez qu’elles lui conviendront (lorsque les gens sont réticents à la thérapie, il est important qu’ils rencontrent un thérapeute chaleureux et déculpabilisant). Pensez peut-être aussi à une thérapie de couple.