Fonds souverain
Un fonds souverain (sovereign wealth funds), ou fonds d’État, est un fonds de placements financiers (actions, obligations, etc.) détenu par un État. Les fonds souverains gèrent l'épargne nationale et l'investissent dans des placements variés (actions, obligations, immobilier, etc.). Dans une acception restreinte, ils désignent spécifiquement « les avoirs des États en monnaie étrangère ». Dans une acception plus large, ils désignent tous les fonds d'investissement détenus par un État.
Les fonds souverains ne sont ni des fonds de pension publics, ni des réserves de liquidités. Ce sont des fonds d’investissement, détenus par des États et financés pour la plupart par des excédents de l’activité économique du pays. Leur objectif est de faire fructifier des surplus de revenus pour en recueillir les bénéfices dans un futur plus ou moins lointain. Ces fonds suscitent des craintes pour bon nombre de raisons. Certains d’entre eux peuvent manquer de transparence, d’autres peuvent prendre des parts d’une entreprise dans un but qui peut être politique. D’autres encore peuvent avoir un poids entraînant une forte influence sur le marché.
Certaines de ces participations ont fait naître des craintes dans les pays occidentaux. Aux États-Unis, la compagnie pétrolière Unocal a fait l’objet d’une tentative d’OPA en août 2005 de la part de l’entreprise publique chinoise CNOOC. Les autorités américaines ont tenté d’empêcher la transaction, au motif qu’elle était un risque pour la sécurité nationale. La CNOOC a alors abandonné le rapprochement. En mai 2006, c’est l’entreprise publique Dubai Ports World qui a dû faire machine arrière, après le rachat au groupe maritime anglais P&O de six ports de la côte Est des États-Unis. Là encore, les pressions du Congrès américain ont poussé l’entreprise publique à annuler le rachat. Au même moment, des rumeurs d’OPA du géant gazier Gazprom sur la compagnie Centrica ont poussé le ministre du Commerce britannique à déclarer son intention de suivre de très près le dossier et de s’opposer par la voie juridique si cela s’avérait nécessaire.
Ressources des fonds souverain:
Les fonds souverains tirent leurs ressources des réserves des banques centrales (Chine), des réserves pour les retraites (Norvège) ou des fonds tirés de l'exploitation de matières premières (Norvège, Russie, Qatar). Les fonds alimentés par l'exportation de pétrole représentent deux tiers des montants gérés par ces fonds4.
Les principaux fonds souverains en termes d’actifs sous gestion sont le résultat d’un excédent de liquidités lié à une forte demande en hydrocarbures ou métaux précieux. On les appelle parfois fonds « matières premières ». C’est le cas notamment des fonds du Golfe (Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Koweït…). Leurs apparitions sont liées au fait que ces réserves ne sont pas inépuisables et l’on peut remarquer que la plupart des grands pays exportateurs de pétrole ont leurs propres fonds souverains. Pour ces pays, la majeure partie des revenus est réalisée via des entreprises d’exploitation publiques ou bien une taxation des profits liés à l’exploitation pétrolière. La rente minière permet également à des pays comme la Russie ou le Chili d'avoir leurs fonds souverains.
D’autres fonds sont issus des excédents budgétaires liés aux exportations. La balance commerciale, largement en leur faveur, fait rentrer de grandes quantités de devises, mais rend également le pays dépendant d’une consommation extérieure. C’est le cas notamment des fonds chinois CIC (China Investment Corporation), et SAFE (State Administration of Foreign Exchange) investment et singapourien GIC (Government of Singapore Investment Corporation).
Il existe également des fonds issus des excédents budgétaires liés à une fiscalité et des cotisations aux retraites conséquentes ou bien encore des ventes d’actifs ou des privatisations. Ces fonds sont principalement localisés en Océanie (Nouvelle-Zélande, Australie) ou en Asie du Sud-Est (Malaisie, Thaïlande, Viêt-Nam). On peut également citer dans cette catégorie le fonds de réserve des retraites français.
Les fonds matières premières représentent actuellement les deux tiers des actifs sous gestion. Selon l’IFSL (International Financial Services, London), les fonds hors matières premières devraient pourtant inverser cette tendance, au point de représenter plus de la moitié des actifs sous gestion d’ici 2015.